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L'attention de Wall Street se portera cette semaine sur le rapport financier trimestriel du géant des semi-conducteurs, acteur clé dans la course à l'intelligence artificielle. Les résultats de l'entreprise pourraient donner le ton pour toute l'industrie technologique, d'autant plus que les tensions sur le marché de la dette américaine s'intensifient.
Après une montée fulgurante ces dernières semaines, les indices boursiers américains ont reculé face aux préoccupations croissantes concernant l'avenir fiscal du pays. De nouvelles propositions fiscales et budgétaires ont attisé le feu alors que les investisseurs s'inquiètent de voir la dette publique américaine, déjà massive à plus de 36 trillions de dollars, poursuivre sa croissance. Cela a poussé les rendements des obligations à long terme à la hausse, les obligations à 30 ans ayant franchi la barre des 5% pour atteindre leur plus haut niveau depuis fin 2023.
La situation a été exacerbée par les déclarations acerbes de Donald Trump vers la fin de la semaine. Il a proféré des menaces contre l'Union européenne et Apple, alimentant les spéculations sur une possible confrontation commerciale. Les commentaires ont déclenché une nouvelle vague d'anxiété sur les marchés déjà nerveux face à tout indice d'instabilité.
La semaine culminera avec les résultats trimestriels de Nvidia mercredi. L'entreprise, qui détient l'une des plus grandes capitalisations boursières au monde, joue un rôle clé dans l'évolution des mouvements des indices boursiers. Les investisseurs s'attendent à ce que Nvidia livre non seulement de bons chiffres, mais aussi de solides signaux de croissance future dans le segment de l'IA et de l'informatique haute performance.
Après une progression spectaculaire, lorsque les actions de Nvidia ont augmenté de plus de 1000% de la fin de 2022 à la fin de 2024, 2025 a commencé sur une note plus calme pour l'entreprise. Depuis le début de l'année, les actions ont perdu environ 2%, ce qui est perçu davantage comme une pause après une folle ascension que comme un signal alarmant. La croissance rapide de Nvidia a été principalement due à la demande explosive de puces AI, qui a formé la base d'une nouvelle vague de révolution technologique et a apporté des bénéfices records à l'entreprise.
Les analystes financiers interrogés par LSEG s'attendent à ce que le rapport trimestriel de Nvidia confirme sa position de leader. Ils estiment que le bénéfice net pour les trois premiers mois de l'année pourrait croître de près de 45%, les revenus devant probablement atteindre un impressionnant 43,2 milliards de dollars. De tels chiffres cimentent le statut de Nvidia en tant que l'un des principaux bénéficiaires de la frénésie de l'IA qui déferle sur les marchés mondiaux.
Mais tout n'est pas si rose. Des nuages géopolitiques se profilent à l'horizon. Nvidia a déjà averti les investisseurs que les restrictions imposées par le gouvernement américain sur l'exportation de puces avancées, y compris le modèle phare H20, vers la Chine pourraient lui coûter 5,5 milliards de dollars. Cette mesure faisait partie d'une stratégie plus large de Washington pour contrôler les exportations technologiques dans le cadre de son bras de fer avec Pékin. Désormais, l'attention ne se porte pas seulement sur les bénéfices de Nvidia, mais aussi sur les risques associés à la politique internationale.
Depuis lors, un recul partiel des rhétoriques dures a eu lieu. Des signes d'une possible trêve entre les États-Unis et la Chine ont quelque peu apaisé la situation, permettant au marché boursier de regagner une partie de son terrain perdu. Cependant, l'indice S&P 500 est encore en baisse de 1,3% en date de mai 2025 par rapport au début de l'année, et de 5,6% par rapport à son pic de février.
La session de trading de vendredi s'est terminée par une nouvelle baisse après une autre déclaration retentissante de Trump. Il a annoncé son intention d'introduire des tarifs de 50% sur les importations en provenance de l'UE à partir du 1er juin, et a également promis un tarif de 25% sur les produits Apple s'ils ne sont pas assemblés aux États-Unis. Ces mesures ont provoqué une nouvelle vague de tensions et sont devenues un défi supplémentaire pour les grandes entreprises technologiques, y compris Nvidia, dont les chaînes d'approvisionnement dépendent de la stabilité mondiale.
L'agenda économique de la semaine dernière a été dominé par un seul nom : Donald Trump. Ses initiatives budgétaires agressives et ses promesses fiscales sont devenues le thème central pour les investisseurs. Inquiétant encore plus le marché, Moody's a abaissé la note de crédit des États-Unis, invoquant des préoccupations sur la dette publique croissante à un rythme rapide. Ce mouvement a sapé la confiance dans la stabilité financière de la plus grande économie mondiale.
Curieusement, malgré les tensions, les actions européennes continuent d'attirer des capitaux. Selon Morningstar, 34 milliards d'euros ont afflué vers les fonds d'actions européennes depuis le début de l'année jusqu'au 16 mai, soit quatre fois plus que le volume des investissements dans les instruments d'actions américaines sur la même période (8,2 milliards d'euros). Cela indique une confiance croissante des investisseurs dans les perspectives européennes au milieu de l'incertitude aux États-Unis.
Cette semaine, de nouvelles données commenceront également à arriver d'Europe. Mardi et vendredi, les deux moteurs clés de l'économie de la zone euro, l'Allemagne et la France, publieront leurs chiffres d'inflation. Ces publications seront une référence importante pour la Banque centrale européenne et les investisseurs mondiaux surveillant l'écart des processus inflationnistes dans le Vieux Monde par rapport aux dynamiques américaines. La semaine prochaine, un rapport consolidé sur les prix à la consommation pour l'ensemble de la zone euro est attendu.
Alors que le monde se prépare à de nouveaux rapports économiques, les investisseurs ne se précipitent pas pour prendre des paris décisifs. Tensions tarifaires, perspectives électorales, anticipations d'inflation - tout cela forme un contexte extrêmement complexe dans lequel toute publication statistique peut devenir le déclencheur d'un mouvement majeur sur le marché.