Les investisseurs ressentent de plus en plus des fissures dans les fondations sous leurs pieds. L'approbation cette semaine d'un important plan de relance fiscale par l'administration Trump, avec des promesses de réductions d'impôts et d'augmentation des dépenses militaires, a alimenté à la fois les optimistes et les pessimistes.

Le Bureau du budget du Congrès estime le coût de ces initiatives à 4 000 milliards de dollars, et cela n'est pas passé inaperçu. Moody's a rétrogradé la note de crédit des États-Unis à Aa1. Le marché réagit de manière ambiguë. Alors que l'élan positif de la relance fiscale persiste, il se heurte aux préoccupations croissantes concernant la dette publique et les risques d'inflation.

Les investisseurs restructurent leurs portefeuilles : les secteurs "défensifs" (services publics, santé, énergie) sont sous pression, tandis que les leaders technologiques et les actions de consommation s'envolent.

Cet ajustement n'avait pas été observé depuis longtemps, et il indique que les grands investisseurs misent sur une croissance continue, ignorant clairement les menaces macroéconomiques. Combien de temps cette fragile euphorie pourrait-elle durer ?

Lors de la préouverture du marché vendredi, le S&P 500 se négociait à 5 839 points et le Nasdaq 100 à 21 120, s’approchant de niveaux techniques clés. C'est à ce moment-là que cela se décidera : les optimistes parviendront-ils à percer et à prolonger le rallye, ou est-ce le dernier pic avant une correction ?

Vue technique

Au début de la semaine, le S&P 500 a testé la zone de demande de 5 827 à 5 849 et a rebondi vers 5 900 à 5 930. Il a touché deux fois le niveau de soutien de 5 870, qui agit désormais comme une barrière clé pour les pessimistes.

Jeudi, une attaque baissière a franchi le niveau de 5 870 mais n'a pas réussi à se maintenir en dessous, rebondissant à 5 904. Actuellement, en évoluant juste en dessous de 5 840, l'indice marche de nouveau sur un fil. S'il tombe en dessous de 5 827, cela ouvre la voie à la zone de 5 785 à 5 760, qui constitue un support à moyen terme.

Cependant, si les acheteurs parviennent à ramener le prix au-dessus de 5 870 et à franchir 5 904, un assaut sur 5 950 est probable, suivi possiblement d'une poussée vers 6 000.

Le Nasdaq 100 évolue en synchronisation. Au début de cette semaine, nous avons observé un bond spectaculaire de 20 500 à la fourchette 21 100–21 200. Le niveau de 21 169 est devenu un point pivot, agissant à la fois comme résistance et tremplin pour des fausses cassures.

Le niveau actuel de 21 120 confirme que les haussiers tentent de faire un retour. Un mouvement au-dessus de 21 315–21 364 déclencherait probablement un test de 21 500 et au-delà. À l'inverse, une chute en dessous de 21 000 augmente les chances d'un déclin à 20 820, suivi d'une possible glissade vers 20 650.

À quoi s'attendre la semaine prochaine

Le marché a atteint un carrefour. D'un point de vue technique, il est prêt à continuer de monter, mais il a besoin d'un catalyseur. Cela pourrait être de solides données sur l'inflation ou le PIB ou simplement l'absence de mauvaises nouvelles.

Cependant, les fondations craquent plus fort : l'impudence fiscale, la tension sur le marché du crédit, et une dégradation de la note de crédit ne sont pas seulement du bruit. Ils créent un contexte tendu où toute déception pourrait déclencher une vague de prises de bénéfices.

La semaine prochaine sera essentielle. Les positions doivent être gérées avec des stop-loss serrés et une prudence accrue. L'ère du buy-and-hold cède la place à un marché d'entrées tactiques et de réactions rapides.

Catalyseurs pour la semaine à venir : taux, inflation, et résultats au centre de l'attention

Le marché entre dans une nouvelle période de cinq jours, équilibrant les attentes de croissance avec les risques systémiques. Les principaux moteurs de prix des prochains jours incluent :

• Données macroéconomiques américaines : inflation et PIBMardi et vendredi, les données d'inflation PCE et les révisions du PIB du premier trimestre seront publiées. Si l'inflation augmente à nouveau, le marché pourrait commencer à revoir à la baisse la probabilité d'une baisse des taux fédéraux.De même, une révision à la baisse du PIB exercerait une pression sur le dollar mais pourrait soutenir les actions de croissance.
• Intervenants de la FedLa Fed est en pause, mais pour combien de temps ? Tout changement de ton par rapport au message actuel de "trop tôt pour baisser" pourrait ébranler le marché. Un signal faucon pourrait entraîner des prises de bénéfices sur le Nasdaq, tandis que des tons accommodants pourraient déclencher un nouveau rally.
• Perspectives budgétaires : réaction au paquet budgétaire de TrumpLe marché digère encore la loi sur les impôts et les dépenses récemment adoptée. Les rendements obligataires augmentent, mais pas le dollar. Cela pourrait changer si le Trésor américain accélère l'émission de dette et si Moody's continue de faire pression sur les actifs souverains.
• Saison des résultats : géants de la tech et secteur de la distribution au centre de l'attentionBien que la saison des résultats ait atteint son pic, Salesforce, HP et Best Buy publieront leurs résultats la semaine prochaine. Le secteur de la distribution sera particulièrement scruté - comment les marges et la demande se maintiennent-elles face à des taux élevés et une faible confiance des consommateurs ?
• Géopolitique et pétroleToute escalade au Moyen-Orient, notamment impliquant l'Iran ou des risques pour les routes des pétroliers, pourrait rapidement accroître la volatilité via le pétrole et l'or. Inversement, une forte baisse des prix du pétrole frapperait les entreprises énergétiques du S&P 500.

La semaine prochaine est un mélange de publications macroéconomiques, de commentaires de la Fed et de retombées du plan budgétaire. Le marché ne cherche pas d'excuse pour chuter, mais si une excuse apparaît, la liquidité pourrait disparaître rapidement. Toute nouvelle pourrait déclencher le mouvement. Il est temps pour une action sélective.